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Entre 1995 et 2000 au Pérou, 330’000 femmes ont été stérilisées à cause d’Alberto Fujimori et des USA

jeudi 17 juin 2010, par Arturo

Pour réduire le nombre de naissances par femme au Pérou, afin de freiner la pauvreté, Alberto Fujimori a cherché à empêcher les femmes pauvres et indiennes (de souche andine, humbles paysannes de langue quechua) de donner la vie.

Nombre de responsables de cette campagne de stérilisation forcée occupent toujours aujourd’hui des postes clés au Pérou dans le domaine de la santé et de la politique. Ce qui explique pourquoi aucune suite n’est donnée aux demandes des victimes.

Les objectifs du gouvernement étaient imposés aux médecins et infirmières sous forme de quotas. De bonnes performances entrainaient des récompenses, les mauvaises des pénalités financières.

25’590 hommes ont aussi subit une vasectomie. Ils étaient sélectionnés, soit à force de pressions, de chantages ou de menaces, soit en se voyant offrir des aliments mais n’étaient pas informé des conséquences de l’opération.

Dans un témoignage, Eleuteria Yauri, une femme parmi les plus pauvres, raconte que lorsqu’elle était enceinte, elle a été emmenée dans un centre médical de la région centrale, pour accoucher. Analphabète, elle a signé un document présenté par le personnel qui lui proposait de la nourriture et des médicaments contre une "intervention". "Tu signes ou tu n’auras rien", lui ont-il affirmé. La paysanne a finalement perdu son bébé et a été stérilisée à son insu.

Des employées du Ministère de la santé, médecins et infirmières, débarquaient dans les postes sanitaires des villages. Ils proposaient à des femmes dépassées par un jargon médical incompréhensible de leur venir en aide. Non en leur expliquant les moyens de contraception mais en les assurant que seule la ligature des trompes pouvait mettre un terme à leurs problèmes. Ces jeunes mères, illettrées, ont témoigné par la suite de leur stupéfaction en constatant qu’elles ne pouvaient plus enfanter.

Selon le témoignage d’un maire d’une importante ville de la région du lac Titicaca, le programme ne concernait pas les blancs et les créoles.

Ce programme a été voulu par les Etats-Unis. L’agence américaine pour le développement international (Usaid) a été la principale source d’assistance technique et financière avec une contribution de 36 millions de dollars.

Source : "Stérilisation forcée contre la pauvreté", Le Courrier, 13 mars 2010