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Pendant des décennies, les puissances nucléaires ont jeté leurs déchets dans l’Atlantique
mercredi 11 juillet 2012, par
A la fin des années 1960, la France a immergé plus de 14’000 tonnes de déchets nucléaires dans des fosses de l’Atlantique. La pratique a été abandonnée en 1983.
Plus de 1,3 million de mètres cubes de déchets nucléaires en tous genres étaient stockés en France fin 2010. Ce volume est appelé à doubler d’ici 2030, selon l’inventaire publié mercredi par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra).
Parmi ces déchets radioactifs, plus de 14.000 tonnes ont été immergés à la fin des années 1960 par la France dans des fosses de l’Atlantique, avant que cette pratique soit abandonnée en 1983, rappelle l’Andra à l’occasion de son inventaire national publié mercredi.
C’est dans le cadre - deux opérations coordonnées à l’époque par l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) de l’OCDE - que la France avait procédé à ces immersions, aux côtés de nombreux autres pays européens.
En 1967, l’Allemagne, la Belgique, la France, le Royaume-Uni et les Pays-Bas ont ainsi immergé environ 11.000 tonnes de déchets (36.000 fûts) dans un site à 400 km au large de la Galice (Espagne) par plus de 4.600 mètres de fond.
Ces déchets, liquides et directement évacués dans la mer ou solides et emballés dans des fûts métalliques, représentaient une radioactivité de l’ordre de 300 térabecquerels (1 TBq = mille milliards de becquerels).
Comparaison avec Fukushima
A titre de comparaison, l’accident survenu à la centrale japonaise de Fukushima en mars 2011 a relâché plusieurs dizaines de millions de milliards de becquerels dans l’atmosphère et l’océan Pacifique.
En 1969, une nouvelle opération, regroupant cette fois la Belgique, la France, le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse s’est traduite par l’immersion d’environ 9.000 tonnes (de l’ordre de 900 TBq) sur un site à 900 km à l’ouest de la Bretagne, à une profondeur comprise entre 4.000 et 4.600 m.
La France a cessé ces immersions avec l’ouverture, la même année, de son Centre de stockage de la Manche, fermé depuis lors.
Mais l’AEN a poursuivi les campagnes d’immersion jusqu’à un moratoire signé en 1983, sur un seul site au large du golfe de Gascogne, utilisé par la Belgique, le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la Suisse.
Pas dans la Manche
La France n’a jamais déversé ses déchets nucléaires dans la Manche. En revanche, avant que l’AEN n’encadre les opérations (de 1949 à 1966), le Royaume-Uni, et la Belgique dans une moindre mesure, ont immergé leurs déchets dans la fosse des Casquets, à 15 km seulement au nord-ouest des côtes françaises du Cap de La Hague.
La France a également utilisé deux sites du Pacifique, à proximité de l’atoll de Mururoa où elle effectuait des essais nucléaires militaires, pour immerger des déchets par plus de 2.000 m de fond.
Ces déchets, conditionnés ou non, ont été coulés entre 1972 et 1982 et représentaient au total quelque 2.500 tonnes, pour environ 70 milliards de becquerels.
Source : Tribune de Genève, 11 juillet 2012